Faire face à un voisin qui allume un feu dans son jardin peut poser des questions sur la légalité, les nuisances et les recours possibles, surtout si la fumée ou les odeurs deviennent envahissantes. En 2025, la législation française encadre strictement ces pratiques.
Comprendre vos droits, les règles applicables et les démarches à suivre permet d’agir de façon légale, calme et efficace. Marre de la fumée ? Voici comment réagir sans conflit.
Faire du feu dans son jardin est-il autorisé ?
Avant toute démarche, il est essentiel de savoir si les feux de jardin sont autorisés dans votre commune. La réglementation varie selon le type de feu et le lieu d’habitation.
La législation en France : ce que dit la loi
Le Code de l’environnement (article L.541-21-1) interdit le brûlage à l’air libre des déchets verts (feuilles, branches, tontes), notamment dans les zones urbaines et périurbaines. Des dérogations existent dans certaines communes rurales sans système de collecte adapté. Le règlement sanitaire départemental (RSD) peut également encadrer ou interdire les feux en plein air.
Différences entre feux de végétaux, barbecues et incinération de déchets
Il ne faut pas confondre les types de feu. Les feux de végétaux sont souvent interdits, même dans les jardins privés. Les barbecues restent autorisés tant qu’ils ne causent pas de nuisances excessives. En revanche, brûler des déchets ménagers, plastiques ou pneus est strictement prohibé (article L.541-24), car cela libère des substances toxiques.
Les arrêtés municipaux ou préfectoraux à consulter
Chaque commune ou préfecture peut prendre des arrêtés spécifiques, notamment en cas de sécheresse ou de risque d’incendie accru en été. Par exemple, dans le Sud de la France, les feux de plein air sont souvent interdits de juin à septembre. Il est donc essentiel de consulter la mairie ou le site de la préfecture pour connaître les restrictions locales.
Quels types de feux sont généralement interdits ?
Tous les feux ne sont pas égaux devant la loi. Certains types sont strictement prohibés en raison de leur dangerosité ou de l’impact sur l’environnement et la santé publique.
Feu de végétaux et brûlage à l’air libre
Dans la majorité des communes, notamment en ville, le brûlage des déchets végétaux est interdit, surtout si une collecte existe. L’article L.541-21-1 du Code de l’environnement s’applique même dans un jardin privé. Seules certaines communes rurales peuvent accorder des dérogations si aucune autre solution n’est disponible.
Incinération de déchets ménagers ou plastiques
Faire brûler ses ordures, du plastique ou tout autre déchet non végétal constitue une infraction grave. Outre les nuisances olfactives, cela émet des polluants dangereux pour la santé. Cette pratique peut être sanctionnée jusqu’à 150 000 € d’amende et 7 ans de prison (article L.541-46 du Code de l’environnement).
Feux récurrents provoquant des nuisances
Même un feu autorisé (comme un barbecue) peut être répréhensible s’il est répété de manière excessive et cause des nuisances anormales (fumée épaisse, odeurs persistantes). Cela relève du trouble anormal de voisinage (article 675 du Code civil), et peut donner lieu à des recours juridiques.
Quels risques en cas d’infraction ?
Allumer un feu interdit dans son jardin n’est pas un acte anodin. Il peut entraîner des sanctions administratives ou pénales, et même une mise en cause de la responsabilité civile.
Sanctions prévues par le Code de l’environnement
Un feu de végétaux non autorisé expose votre voisin à une amende de 450 € (article R.541-76). L’incinération de déchets plastiques ou toxiques est passible de 2 à 7 ans de prison et jusqu’à 150 000 € d’amende. Ces peines visent à dissuader les comportements polluants ou dangereux.
Risques d’incendie et mise en danger du voisinage
Un feu mal maîtrisé peut facilement se propager et provoquer un incendie de maison, jardin ou forêt voisine. Dans ce cas, le responsable peut être poursuivi pour mise en danger d’autrui (article 223-1 du Code pénal), même en l’absence de blessure.
Amendes, plaintes, responsabilité civile ou pénale
Outre les amendes nationales, des sanctions locales peuvent s’appliquer (de 68 € à 135 €), notamment par la police municipale. En cas de dommage causé à votre propriété ou votre santé (ex. : mur noirci, allergies), votre voisin peut être tenu civilement responsable.
Que faire si mon voisin fait un feu gênant ou illégal ?
Face à un feu gênant, inutile de s’énerver. Adopter une méthode progressive permet souvent de résoudre la situation sans conflit.
Tenter un dialogue calme et constructif en premier recours
Avant toute démarche officielle, commencez par discuter calmement avec votre voisin. Expliquez les nuisances ressenties (fumée, odeur, gêne respiratoire) et rappelez que le brûlage est souvent interdit. Proposez-lui des solutions alternatives : compost, déchetterie, ou ramassage communal.
Prendre des photos ou vidéos si le problème persiste
Si les feux continuent, commencez à documenter les faits : photos, vidéos, horaires, type de fumée. Ces éléments sont précieux si vous devez faire un signalement ou engager un recours. Attention : ne photographiez pas dans sa propriété sans son accord (article 226-1 du Code pénal).
Alerter la mairie ou la police municipale si besoin
En cas de non-respect de la réglementation, contactez la mairie ou la police municipale. Transmettez vos preuves et précisez la nature du feu (déchets verts, ordures, fréquence). Une verbalisation peut être engagée, avec une amende immédiate de 68 € ou plus.
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Quels recours en cas de nuisances régulières ?
Si les feux deviennent fréquents et perturbent votre qualité de vie, il est possible de faire valoir vos droits de manière plus formelle. Plusieurs options existent pour obtenir réparation ou cessation des troubles.
Porter plainte pour trouble anormal de voisinage
Si la fumée, les odeurs ou les feux répétitifs deviennent insupportables, vous pouvez porter plainte pour trouble anormal de voisinage (article 675 du Code civil). Il vous faudra apporter des preuves : photos, vidéos, témoignages d’autres riverains. Le juge peut ordonner l’arrêt des nuisances ou accorder des dommages-intérêts en cas de préjudice avéré.
Faire appel au conciliateur de justice
Avant d’engager une procédure judiciaire, il est fortement recommandé de contacter un conciliateur de justice. Ce service est gratuit et accessible via la mairie. Le conciliateur peut organiser une rencontre entre vous et votre voisin pour trouver un accord à l’amiable, souvent plus rapide et moins conflictuel qu’un procès.
Contacter le service d’hygiène ou la préfecture
En cas de pollution avérée (ex. : fumées noires, combustion de plastiques), vous pouvez alerter le service d’hygiène de la mairie ou la préfecture. Une inspection peut être déclenchée, et des sanctions administratives appliquées si une infraction est constatée. Cette voie est pertinente si le feu représente aussi un risque sanitaire ou environnemental.
Cas particuliers à connaître
Certaines situations régionales ou saisonnières modifient les règles relatives aux feux dans les jardins. Il est donc utile de connaître les exceptions et tolérances applicables.
Régions sujettes aux risques d’incendie (été, zones forestières)
Dans le Sud de la France, notamment en PACA ou Occitanie, des arrêtés préfectoraux interdisent strictement les feux de juin à septembre, en raison des risques d’incendie. Les zones proches de forêts ou de végétation dense sont également soumises à des restrictions très strictes (article L.131-1 du Code forestier), même pour un petit feu de jardin.
Réglementations différentes selon la période de l’année
En hiver (généralement de novembre à mars), certaines communes rurales tolèrent le brûlage des végétaux, mais souvent sous conditions : horaires précis (souvent de 10h à 16h), vent faible, et éloignement des habitations. En été, l’interdiction est quasi générale, sauf dérogation explicite.
Tolérances pour les barbecues ou braseros dans un cadre privé
Les barbecues sont généralement autorisés dans les propriétés privées, tant qu’ils ne causent pas de fumée excessive ou de gêne avérée pour le voisinage. Les braseros suivent les mêmes règles. Toutefois, certaines communes encadrent leur usage par arrêté municipal, notamment en cas de canicule ou de sécheresse.
FAQ sur les feux dans les jardins privés
Peut-on brûler ses feuilles mortes ?
Non, le brûlage des feuilles est interdit en zones urbaines ou si une collecte existe (article L.541-21-1). Il faut les déposer en déchetterie ou les composter. Une dérogation peut exister en zone rurale, mais elle doit être explicitement accordée par la mairie.
Mon voisin utilise un brasero : est-ce légal ?
Oui, à condition qu’il ne provoque pas de nuisances excessives (fumée envahissante, odeur persistante). Il est recommandé de vérifier les arrêtés municipaux en vigueur, qui peuvent encadrer l’utilisation des braseros (notamment les horaires ou les périodes autorisées).
Dois-je alerter les pompiers en cas de feu suspect ?
Oui, si le feu semble hors de contrôle, trop proche d’une habitation ou d’une végétation sèche, vous devez composer le 18 (pompiers) ou le 112 (urgences européennes). Les pompiers jugeront de la dangerosité et interviendront si nécessaire.
Est-ce que la fumée seule peut justifier une plainte ?
Oui, si elle est répétée, intense et anormale, elle constitue un trouble de voisinage au sens de l’article 675 du Code civil. Il est conseillé de documenter les nuisances et de tenter un dialogue avant d’engager une action en justice.




