quand et comment récolter des pommes de terre

Quand et comment récolter les pommes de terre ? Le guide technique pour une récolte optimale

La récolte des pommes de terre est un moment stratégique dans le calendrier du jardinier. Pour obtenir des tubercules sains, savoureux et bien conservables, il ne suffit pas d’arracher les plants au hasard. Il faut observer les bons indicateurs, intervenir au bon moment, et appliquer une méthode rigoureuse. Dans cet article, je vous livre une approche complète, fiable et expérimentée sur quand et comment récolter vos pommes de terre, selon leur variété, leur usage et les conditions climatiques.


Répondre à l’essentiel : quand récolter les pommes de terre ?

La date idéale de récolte dépend de deux critères principaux : la variété cultivée (précoce ou tardive) et l’usage final (consommation rapide ou stockage longue durée). On distingue ainsi les pommes de terre dites « nouvelles » et les pommes de terre « de conservation ».

Pommes de terre nouvelles : jeunes, tendres et éphémères

Les variétés précoces, comme ‘Amandine’ ou ‘Belle de Fontenay’, sont plantées dès mars ou avril, et prêtes à être récoltées environ 70 jours plus tard, entre mai et juillet, selon le climat. Ce sont des tubercules à peau fine, au goût subtil, destinés à une consommation immédiate.

Leur récolte s’effectue dès que le plant commence à fleurir et que les tubercules ont atteint la taille souhaitée, souvent entre 3 et 6 cm de diamètre. Le feuillage est encore partiellement vert à ce stade.

Pommes de terre de conservation : robustes et durables

Les variétés de conservation, telles que ‘Bintje’, ‘Charlotte’ ou ‘Pompadour’, nécessitent un cycle végétatif plus long. Plantées au printemps, elles atteignent leur maturité entre août et septembre, soit 4 à 5 mois après plantation.

Le signal le plus fiable pour déclencher la récolte est le jaunissement complet du feuillage, voire son dessèchement. Cela signifie que la plante a terminé son cycle, et que les tubercules ont formé leur peau définitive, essentielle à une bonne conservation.


Les bons indicateurs à observer avant de récolter

Récolter trop tôt, c’est obtenir des pommes de terre fragiles, à peau fine, sensibles aux coups et à la pourriture. Récolter trop tard, c’est risquer qu’elles germent prématurément ou soient attaquées par des maladies du sol. Il faut donc s’appuyer sur des signes visuels concrets.

Feuillage et cycle végétatif

Le principal indice est l’état du feuillage :

  • Pour les pommes de terre nouvelles : feuilles encore vertes, fleurs présentes, tiges souples.
  • Pour les pommes de terre de conservation : feuillage jauni, affaissé, puis complètement sec.

Une fois le feuillage totalement sec, il est recommandé de laisser les tubercules en terre encore 10 à 15 jours, pour que la peau durcisse et que les tubercules terminent leur maturation. Cela facilite leur résistance aux manipulations et à la conservation.


Récolter par temps sec : une règle non négociable

Dans la pratique agricole, la météo est une alliée ou un piège. Pour la récolte des pommes de terre, les conditions climatiques jouent un rôle déterminant sur la qualité de la récolte.

Pourquoi éviter l’humidité

Une récolte par temps humide provoque plusieurs problèmes :

  • Les tubercules ressortent couverts de terre grasse et sont plus difficiles à manipuler.
  • L’humidité résiduelle favorise le développement de maladies fongiques pendant le stockage.
  • Le sol compacté rend l’arrachage plus pénible, avec un risque accru d’endommagement des tubercules.

Moment optimal pour récolter

Il est impératif de récolter par temps sec, après plusieurs jours sans pluie, lorsque le sol est bien ressuyé. L’idéal est de récolter en fin de matinée, lorsque la rosée est évaporée, mais que la chaleur n’est pas encore excessive.


Méthode de récolte : rigueur et douceur

La technique de récolte influe directement sur la qualité des pommes de terre, notamment pour celles que l’on souhaite conserver plusieurs mois. Une bonne méthode préserve l’intégrité des tubercules et limite les pertes post-récolte.

Le bon outil

Utilisez de préférence une fourche-bêche ou une bêche plate, en veillant à l’enfoncer à bonne distance du pied (au moins 15 cm), pour ne pas transpercer les pommes de terre.

Geste technique

Soulevez la motte en prenant appui sous les racines, puis tirez délicatement le pied à la main. Récupérez les tubercules un à un, sans les cogner entre eux, et laissez-les sécher à même le sol pendant quelques heures, si le temps est sec.

Voici les deux types de récolte à distinguer :

  • Récolte en vert : pour les variétés nouvelles, avec un feuillage encore partiellement vert.
  • Récolte à pleine maturité : pour les variétés de garde, avec feuillage totalement sec et durcissement de la peau.

Séchage ou « ressuyage » : une étape à ne pas négliger

Une fois les tubercules extraits du sol, il ne faut jamais les laver. À la place, on les laisse sécher naturellement à l’air libre pour faire tomber les restes de terre et évacuer l’humidité résiduelle.

Organisation du ressuyage

Déposez les pommes de terre :

  • En une seule couche, sur une bâche, une grille ou une toile de jute.
  • À l’abri de la pluie et du soleil direct, dans un endroit ventilé comme un hangar, un abri de jardin ou un garage ouvert.

Le séchage dure 24 à 48 heures, jusqu’à ce que la peau soit bien sèche, que la terre se détache facilement, et que les éventuelles petites blessures soient cicatrisées. Cela limite les risques de pourriture au stockage.


Tri et sélection avant stockage

Une fois les tubercules ressuyés, effectuez un tri rigoureux. C’est une étape décisive pour la qualité du lot conservé.

Ne stockez pas :

  • Les pommes de terre blessées, fendues ou écrasées.
  • Celles présentant des signes de pourriture ou de maladies.
  • Les tubercules encore trop humides ou verts (exposés à la lumière).

Ces éléments doivent être consommés rapidement, car ils risquent de contaminer les tubercules sains pendant la période de stockage.


Stockage : conditions idéales pour une longue conservation

Pour préserver vos pommes de terre jusqu’au printemps suivant, il faut leur offrir des conditions stables, fraîches et sombres.

Où stocker ses pommes de terre ?

L’emplacement doit réunir plusieurs critères :

  • Température stable entre 4 et 10 °C, sans gel.
  • Humidité modérée : un local trop sec fait flétrir les tubercules, trop humide favorise les moisissures.
  • Aération continue pour éviter les fermentations.

Les caves, celliers non chauffés ou garages ventilés sont souvent des lieux adaptés.

Mode de rangement

Voici deux méthodes de stockage efficaces :

  • Dans des sacs en toile de jute, qui laissent circuler l’air.
  • En cagettes en bois ou en paniers ajourés, en une ou deux couches maximum, pour éviter l’écrasement.

Recouvrez les pommes de terre d’une fine couche de paille ou de papier journal pour les protéger de la lumière et éviter le verdissement (formation de solanine, toxique).


Les erreurs à éviter absolument

Pour optimiser votre récolte et garantir la conservation des tubercules, voici les deux principales erreurs à bannir :

  • Ne jamais laver les pommes de terre avant stockage, même si elles semblent sales. L’humidité résiduelle accélère la dégradation.
  • Éviter les sacs plastiques, qui retiennent l’humidité et provoquent le développement de moisissures internes.

Liste récapitulative : les bonnes pratiques à retenir

  • Récolter lorsque le feuillage est jauni et totalement desséché.
  • Intervenir par temps sec, après quelques jours sans pluie.
  • Utiliser une fourche-bêche, en soulevant délicatement les plants.
  • Laisser les tubercules sécher 24 à 48 h à l’air libre.
  • Stocker à 4-10 °C, dans un lieu sombre, aéré et sec.

Faut-il pratiquer la rotation des cultures ?

Oui, la culture de la pomme de terre doit respecter un principe fondamental d’alternance. Replanter au même endroit plusieurs années de suite favorise l’apparition de maladies telles que le mildiou ou les nématodes.

Règle de base

Il est conseillé d’attendre au moins 3 à 4 ans avant de replanter des pommes de terre sur la même parcelle. Entre-temps, privilégiez des cultures de légumineuses, céréales ou légumes non apparentés.


Conclusion : une récolte qui se joue dans le détail

Récolter les pommes de terre au bon moment, avec la bonne méthode et dans les bonnes conditions, n’est pas seulement une formalité. C’est une étape technique qui détermine la qualité sanitaire, gustative et la durée de conservation des tubercules.

Que vous cultiviez pour une consommation immédiate ou pour passer l’hiver, l’attention portée à la maturité, au ressuyage, au tri et au stockage fera toute la différence. Ce savoir-faire, patiemment acquis par les jardiniers et agriculteurs, mérite d’être appliqué avec rigueur à chaque récolte.

portrait charly laguer
Charly

Passionné d’aventure et de découvertes, Charly explore le monde à la recherche d’expériences uniques à partager. À La Ferme du Fays, il met son énergie et sa curiosité au service d’un tourisme plus proche de la nature.